Publié le 22/05/2014
Quelle est votre analyse sur les deux demi-finales de ce week-end ?
Une nouvelle fois, c'est la confirmation des ingrédients qu'il faut mettre pour remporter un match de phases finales. Comme l'ont été les deux finalistes, il faut être dominateur en conquête, réaliste et efficace, avoir le plus de maîtrise possible par rapport à la règle et à son jeu… et puis au final, la logique sportive a été respectée, puisque ce sont les clubs classés deux et trois, qui recevaient en demie, et qui surtout étaient sur la meilleure dynamique en termes de jeu, qui sont passées.
Que vous inspire cette affiche inédite mais de haut niveau ?
On voit que ce sont deux équipes qui s'étaient donné les moyens d'atteindre, à minima, cet objectif dès le début de la saison. Ce sont deux des équipes les plus disciplinées du championnat, qui ont su faire le dos rond dans les moments difficiles, notamment quand les blessures se sont accumulées. Mais après, ce sont deux équipes qui pouvaient également se permettre de faire tourner grâce à une profondeur de banc intéressante, même si certains joueurs se sont réellement révélés. Tout cela pour dire que ce n'est pas une surprise, et puis au deux tiers du championnat, avec Lyon qui était déjà en route pour le titre, c'est la finale que tout le monde attendait.
Le fait qu'Agen ait remporté les deux confrontations de la phase préliminaire, et 5 des derniers affrontements peut-il jouer, dans un camp comme dans l'autre ?
Cela peut avoir un effet positif, comme un effet pervers. Pour les Agenais, le côté positif serait de se dire que c'est une équipe qui leur réussit bien, qu'ils la dominent en conquête, qu'ils sont réalistes… et qu'il faut faire ce qui avait fonctionné lors des deux matches. Mais dans la même optique, avec deux succès au compteur, le côté pervers serait d'aborder ce match avec un peu trop de décontraction, et du coup de passer au travers.
Côté rochelais, le côté pervers serait de faire un complexe d'infériorité du fait des deux défaites encaissées. Mais je ne les vois pas arriver à Bordeaux en ayant perdu d'avance. Au contraire, et là c'est l'effet positif. Le fait d'avoir perdu les deux précédents matches pourrait leur permettre de préparer ce match de manière encore plus solidaire, d'avoir un orgueil énorme.
Après, il faudra voir les compos. Lors du dernier match, celle d'Agen était sûrement très proche de celle qui débutera dimanche. En revanche, La Rochelle avait pas mal d'absents. Et puis il faudra voir le scénario de la rencontre. Si Agen parvient à prendre le match à son compte dans les 20 ou 25 premières minutes, oui, les deux victoires de la phase préliminaire reviendront en tête des joueurs, en bien pour les Lot et Garonnais, en moins bien pour les Charentais. Mais si ce n'est pas le cas, tout peut arriver.
Agen joue sa première finale, La Rochelle, la troisième, cela peut-il faire basculer la partie ?
Non je ne pense pas, car côté staff, hormis Stéphane Prosper qui a connu une finale de PRO D2 avec Mont de Marsan, il est le seul, et côté joueur, je pense à Djebaili, Le Bourhis, Grobler, Jacob ou Soucaze, à La Rochelle évidemment, certains joueurs connu cela, mais une petite partie. Et puis rappelons-nous la finale de l'an passé où Pau, pour sa deuxième finale consécutive, affrontait un novice en la matière, Brive, et l'on connait la suite…
Pour La Rochelle, qui accède à la finale après deux échecs en demi-finale, est-ce une motivation supplémentaire, un déclic ?
Le déclic c'est surtout d'être actuellement sur une excellente dynamique de jeu. Et c'est évidemment très positif avant d'aborder une finale. Le week-end dernier, les coaches charentais regrettaient les points laissés en route, mais je les trouve tout de même efficaces. Ils ont parfaitement su aborder le match pour marquer deux essais et s'envoler au score, en produisant du jeu, en se créant des occasions, quand Agen se procurait très peu d'opportunités d'essais. Le SUA a certes été très réaliste, mais au pied grâce aux pénalités concédées par Narbonne, La Rochelle en jouant plus. Et je pense qu'en plus La Rochelle ne se fera pas bousculer comme cela a pu être le cas pour Narbonne, même si Agen devrait poser des problèmes, notamment en mêlée.
Quelles seront les clés du match ?
La conquête. C'est de la redite, mais c'est tellement vrai. Quand on voit ce que les deux finalistes ont proposé pour se qualifier, c'est clair. Ce sont deux équipes qui ont besoin de tenir le ballon, quand d'autres se nourrissent de ballons de récupération. Il faudra donc être capable de gagner les ballons, mais également de les conserver, en étant performant en mêlée, en étant les premiers sur les points d'impact, en gagnant la bataille des rucks.
Quels seront les joueurs à surveiller ?
Je parlerai d'abord des buteurs. Côté Agen, Lagarde a bien fait son travail, mais je donnerai un léger avantage à La rochelle avec le duo Fortassin – Audy. Le premier, peu en réussite, chose inhabituelle, a laissé le but au second, qui l'a parfaitement secondé, pour se concentrer sur le jeu et le reprendre lorsqu'il a retrouvé sa sérénité.
Après au centre, le duel Mazars pour le SUA, Botia pour le Stade rochelais devrait également être intéressant. On voit que cette formation rochelaise s'appuie beaucoup sur ce joueur puissant et rapide qui fait beaucoup de mal aux défenses adverses. A Agen, et notamment Mazars, de le contenir répondre.
Enfin, les troisièmes lignes auront un rôle primordial à jouer. Pour sortir du contexte de la mêlée qui sera au cœur des débats, leur rayonnement pourrait faire la différence.
Un pronostic ?
Ce n'est pas simple car les deux formations ont autant de capacité à s'imposer l'une que l'autre. Après, sur l'impression des demi-finales, et même si cela peut changer très vite, en termes de jeu, je donnerai un léger, un très léger avantage à La Rochelle.