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HOMMAGE

Jean-Alric : le destin tragique devenu un stade mythique

Jean-Alric : le destin tragique devenu un stade mythique

L’antre du Stade Aurillacois porte le nom de l’un de ses plus grands espoirs dont le destin a été fauché par un tir de mitrailleuse pendant la 2e guerre mondiale. 

 

Bastion imprenable, froid polaire et terrain pentu, rudesse de l’accueil et chaleur de l’après-match. C’est ce qu’évoque le plus souvent le nom de Jean-Alric. La forteresse imprenable des Aurillacois s’est bâtie, au fil des saisons, une sacrée réputation. Que ce soit à l’époque où le club était dans l’élite et désormais en PRO D2, tous les adversaires s’accordent sur une chose : « quand on se déplace à Aurillac on sait pertinemment où l’on met les pieds ». Pas étonnant que les Rouge et Bleu détiennent un incroyable record d’invincibilité à domicile en 2e division, avec 35 matchs consécutifs sans défaite. Une folle série qui n’est pas le fruit du hasard mais la combinaison d’une volonté farouche des Cantaliens de défendre leur terre et du caractère des habitants de cette région volcanique. Un tempérament faisant figure d’héritage et d’hommage à l’une des incarnations de cet état d’esprit qui n’est autre qu’un certain Jean-Alric

 


Une force de la nature 

Né à Aurillac il y a 100 ans, le 28 mars 1925, Jean est le fils d’un boucher qui va rapidement suivre les traces de son père. La rudesse de ce métier va d’ailleurs forger la carcasse du garçon dont le gabarit et la force sont en avance sur son âge. Avec de telles qualités, il se dirige forcément vers le rugby et le club phare du département ne tarde pas à lui mettre la main dessus. Grand et large d’épaules, c’est sans surprise qu’il est utilisé en deuxième ligne. Tandis que le club oscille entre l’élite et la deuxième division, le jeune golgoth poursuit sa progression mais la guerre marque un coup d’arrêt. A partir de 1939 les championnats sont stoppés et ne reprendront qu’en 1942. Encore adolescent, Jean Alric est toutefois réquisitionné pour le STO, Service du Travail Obligatoire, mis en place durant l’occupation allemande afin d’exploiter les pays envahis pour participer à l’effort de guerre. Il officie dans les abattoirs et alterne avec la pratique du rugby qui reprend doucement avant le retour sur les terrains lors de la saison 1942-1943, exercice marquant les débuts de cet espoir en équipe première. 

 

L'équipe du Stade Aurillacois 1942-1943, Jean Alric est debout troisième en partant de la gauche vers la droite

 

Un éternel espoir 

Tout juste 17 ans et déjà parmi les plus grands, les dirigeants aurillacois composant aussi avec un effectif touché par les morts au combat, blessés et autres prisonniers. Montluçon, Vichy, l’ASM et Bort-les-Orgues font partie de la poule d’une édition remportée finalement par Bayonne (avec dans ses rangs un certain Jean-Dauger). Pas de qualification pour Aurillac et sa « pépite » qui confirme toutes les attentes placées en lui au point de revenir dans la formation de 1943-1944. Cette saison sera malheureusement la dernière pour Jean Alric. Le 5 juin 1944, la veille du débarquement en Normandie, la 2e division blindée SS « Das Reich » entre dans la ville. C’est un déchainement de violence et de rage de la part des nazis et le jeune membre des Milices patriotiques (un des mouvements de la Résistance française) n’échappe pas à la rafle. Alors qu’il tente de prendre la fuite, il est touché en plein cœur et meurt tragiquement à l’âge de 19 ans. Dès le mois de novembre 1944, le stade est rebaptisé en son nom. Le nom de Jean-Alric qui 100 ans plus tard est devenu le fier symbole d’une enceinte éternellement réputée pour sa ténacité