C’est à un Corrézien que l’on doit la paternité de ce geste qui nous parait si basique aujourd’hui mais fut inventé il y a 60 ans. 

En scrutant les publications des comptes PRO D2 et TOP 14, il n’est pas rare d’y voir figurer des passes au pied parmi les moments forts de chaque journée. Ce geste, combinant adresse et timing, fait monter les compteurs de likes et déclenche des éloges dans les commentaires. Frederic Michalak, Camille Lopez, Thomas Ramos, Matthieu Jalibert… Sans forcément le savoir, tous sont les disciples d’un certain Jean-Claude Roques. Celui que l’on surnomme « Rocky » ou « King », aujourd’hui âgé de 82 printemps, célèbre en cette année la paternité d’un geste qui a révolutionné son sport. En effet, l’ex numéro dix de Brive est considéré par les historiens du rugby comme le père de la passe au pied.

Jean-Claude Roques, le père de la passe au pied balle en mains avec le CAB 

« On avait repéré que tous les défenseurs avaient tendance à se tenir à hauteur des poteaux, à se concentrer, laissant un décalage »

Trois finalistes du championnat de France (1965, 1972, 1975), plus de 300 matchs joués avec le CA Brive et 4 sélections avec les Bleus. En son temps Jean-Claude Roques était l’un des meilleurs joueurs du championnat. Pas forcément le plus athlétique ou le meilleur balle en main, il était avant tout doté d’une grande intelligence de jeu. D’ailleurs, ses qualités de vision lui ont permis de déceler le principal défaut dans le placement défensif des ailiers de son époque. « Sur le moment j’ai eu l’impression d’inventer un truc nouveau », confie-t-il dans l’ouvrage 200 ans de rugby de Jérôme Prévot. 

« Cazouls ! » annoncée 

« Cazouls ! ». Ce cri mystique pour les adversaires et retentissant pour les joueurs de Brive était annonciateur de la fameuse combinaison. A ce moment précis, Marcel Puget, le demi de mêlée de l’époque, éjectait le ballon à destination de Jean-Claude Roques. Ce dernier, ajustait un coup de pied en direction de son ailier, Pierre Besson, côté ouvert. Seul, il n’avait plus qu’à gambader à destination de l’en but devant des adversaires médusés. « Nous avions appelé cette combinaison « Cazouls » en raison du lieu où ce geste fut inventé lors d’un stage », narrait le numéro dix briviste, en l’occurrence Cazouls-lès-Béziers dans l’Hérault. 

 

Pas encore aussi précise que la gestuelle des ouvreurs contemporains, la technique voulait que le ballon soit frappé sur la partie large plutôt que la pointe. Toutefois, lors de la première journée de TOP 14, Thomas Ramos a fait ressurgir ce geste dans son exécution originelle pour un incroyable essai. Ainsi au grès des saisons, la passe au pied est devenue 60 ans plus tard un incontournable de la palette de tous les artistes du rugby.